600 fois le tour de la terre, c’est la distance totale qui sera couverte par les routes nouvellement construites dans le monde d’ici 2050… soit 25 millions de kilomètres.
Une équipe internationale de chercheurs a tenté de planifier cette évolution en réalisant une carte des régions du monde où la construction de nouveaux axes routiers serait bénéfique (d’un point de développement) ou, au contraire, préjudiciable (d’un point de vue environnemental).
Actuellement, toutes les routes du globe mises bout à bout représentent déjà plusieurs dizaines de millions de kilomètres.
Le réseau routier mondial:
D’après les prévisions ce réseau devrait encore largement se densifier pour être environ 60% supérieur à aujourd’hui, et ce d’ici le milieu de ce siècle. Mais cette croissance (majoritairement pour répondre à la hausse des échanges commerciaux) se fait malheureusement de manière anarchique et non planifiée.
La fragmentation des milieux naturels
L’étude met en avant le fait que 90 % des constructions de routes auront lieu dans les pays en développement, y compris dans de nombreuses régions qui possèdent une biodiversité exceptionnelle et dont les écosystèmes rendent des services vitaux. En effet les espaces menacés que sont l’Amazonie, la Nouvelle-Guinée, la Sibérie ou le bassin du Congo sont également au premier plan pour ce développement d’infrastructures. Les conséquences seront donc « une augmentation spectaculaire de la colonisation de terres et de la perturbation d’habitats naturels », ainsi qu’« une surexploitation des espèces sauvages et des ressources naturelles », à commencer par les forêts.
Un vecteur de développement social et économique
Ces nouvelles voies constituent néanmoins des moyens de favoriser le développement social et économique dans des zones qui en ont souvent cruellement besoin, notamment en permettant d’accroître la production agricole, priorité urgente pour relever le défi de la demande alimentaire mondiale qui pourrait doubler d’ici 2050.
Dans ces conditions comment trouver un juste milieu entre impact environnemental et bénéfice pour les sociétés ?
Une carte des priorités de construction de routes
Ce schéma global présente un plan de zonage à grande échelle qui vise à limiter les coûts environnementaux de l’expansion du réseau routier tout en maximisant les avantages pour le développement humain, en aidant à accroître la production agricole.
Les grandes régions du monde ont été classées en fonction deux paramètres :
- La valeur environnementale (diversité des espèces animales et végétales, importance des habitats sauvages, rôle dans la séquestration du carbone et la régulation du climat,…).
La carte des résultats:
- Les avantages anthropiques (accessibilité des zones agricoles, potentiel de production des sols, régime climatique, projections régionales de consommation et d’exportation de riz, de maïs ou de blé,…).
La carte des résultats:
Le croisement de ces deux familles de paramètre produit la carte suivante :
On y distingue quatre domaines d’inégale importance :
En vert (les zones majoritaires) : les espaces à valeur environnementale élevée où la construction de nouvelles routes devraient être évité si possible. Elles couvrent 46 % de la surface du globe et sont réparties sur tous les continents, avec une prédominance en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, en Océanie et dans tout le nord-est de l’Eurasie.
En rouge : les zones où des améliorations routières stratégiques pourraient promouvoir le développement agricole avec des coûts environnementaux relativement modestes. Ces espaces représentent seulement 12 % des terres émergées et sont notamment présents au Sahel, dans le centre de l’Amérique du Nord, la pointe orientale et le sud-est de l’Amérique latine, dans le centre-ouest de l’Eurasie et le sous-continent indien.
En blanc (environ un tiers du globe) les zones considérées « à faible priorité », sur le plan tant de l’environnement que de l’agriculture.
En noir: les zones de conflit.
Les zones de conflits
Sur les 16% restant du globe, on distingue un certain nombre de zones noires qui représentent les « zones de conflit » ou des espaces d’interfaces qui disposent à la fois d’une valeur environnementale et d’un potentiel agricole élevés. On les trouve en Afrique subsaharienne et à Madagascar, en Amérique centrale et le long de la cordillère des Andes, dans le bassin méditerranéen et dans le Sud-Est asiatique. Ces zones représentent donc le nerf de la guerre du projet, où les enjeux sont extrêmement importants.
Le but du jeu étant de penser ces projets en tenant compte autant d’une composante que de l’autre. Ceci afin d’éviter aux routes du développement de laisser encore une fois la biodiversité sur le bas coté…
Sources: le monde, www.nature.com
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