Frank Drake est connu pour être le père de la recherche de l’intelligence extraterrestre. Il y a effectivement consacré sa vie puisqu’il est à l’origine de la quasi-totalité des programme de recherche dédiés à cette niche scientifique: le projet Ozma en 1960, le projet Cyclope en 1971, le projet SETI en 1994, le projet Phoenix en 1995, et enfin, en 2004, le projet SERENDIP.
Tous ces projets financés par la NASA ont eu pour but de situer nos plus ou moins proches voisins interstellaires. Les résultats se font quelques peu attendre et un bruit de couloir persistant susurrerait que la raison est assez simple: peut-être sommes-nous bel et bien seuls dans l’univers… Frank a bien entendu pensé à cette hypothèse et a donc développé l’équation suivante qui estime les chance de rencontrer une civilisation extraterrestre (voir les détails* de l’équation en fin d’article) :
La beauté de cette équation décriée dans les milieux scientifiques réside plutôt dans le fait qu’elle constitue un excellent moyen pédagogique de parler d’astronomie mais également qu’elle nous permettait de quantifier notre ignorance.
Parmi les nombreux projet de Frank Frake on trouve également le fameux Voyager Golden Record qui nous intéresse plus particulièrement. Ce projet consiste en l’envoi d’un disque de 30 cm de diamètre sur lequel sont gravés des sons et des images sélectionnés pour représenter au mieux la diversité de la vie et de la culture terrestre**. Ce bel objet doré est parti en 1977 à bord des 2 sondes Voyager lancées en 1987.
Outre les nombreuses informations sur la Terre et ses habitants, le couvercle du disque comporte également une carte indiquant la position de notre soleil dans la galaxie (en haut à droite sur l’image ci-dessous). Pour ce faire, 14 rayons représentant autant de pulsars font office de points de repères astronomiques pour les voyageurs intergalactiques égarés.
Dans un article du National Geographic, Nadia Drake, qui n’est autre que la fille de Frank, raconte l’histoire fascinante de cette pièce emblématique de la cartographie cosmique :
La question était: comment créer une telle carte dans des unités qu’un extraterrestre pourrait comprendre?
… Pour mon père, la réponse était évidente: les pulsars. Découvert en 1967 par Jocelyn Bell Burnell, ces zones denses d’étoiles en fin de vie constituaient des flambeaux parfaits dans l’espace et dans le temps.
Pour commencer, les pulsars ont une durée de vie extremement longue, restant actif pendant des dizaines de millions à plusieurs milliards d’années.
En outre, chaque pulsar est unique. Ils tournent incroyablement rapidement, et ils émettent des impulsions de rayonnement électromagnétique qui les font ressembler à des phares. En synchronisant ces impulsions, les astronomes peuvent déterminer le taux de rotation d’un pulsar à un fort degré de précision, et aucun deux n’est semblable.
Mais les pulsars ralentissent, parfois d’un simple millième de seconde par an. Ainsi, en comparant la différence de taux de rotation d’un pulsar lorsque la carte est trouvée et celle inscrite sur la carte, un être intelligent pourrait déterminer le temps passé depuis la conception de la carte.
Selon Frank Drake les pulsars avaient une magie en eux … aucun autre objet stellaire ne contenait autant d’indications. Chacun avait sa propre fréquence de pulsation, de sorte qu’il pouvait être identifié par n’importe qui, y compris d’autres créatures résidant très, très loin ».
Ce cadeau à l’attention d’éventuel êtres extraterrestres n’a certainement pas encore trouvé preneur puisqu’il ne pourra s’approcher raisonnablement d’une autre étoile avant 40 000 ans… La portée de cette bouteille à la mer interstellaire est donc encore une fois symbolique et la carte de Frank Drake ne représente pas tant une cartographie envoyée aux étoiles qu’un message adressé à nous même.
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* N étant le nombre de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec lesquelles nous pourrions entrer en contact ;
et :
R est le nombre d’étoiles en formation par an dans notre galaxie ;
Fp est la fraction de ces étoiles possédant des planètes ;
Ne est le nombre moyen de planètes potentiellement propices à la vie par étoile ;
Fl est la fraction de ces planètes sur lesquelles la vie apparaît effectivement ;
Fi est la fraction de ces planètes sur lesquelles apparaît une vie intelligente ;
Fc est la fraction de ces planètes capables et désireuses de communiquer ;
L est la durée de vie moyenne d’une civilisation, en années.
** : les informations gravées sur le disque sont, entre autres, des bruits d’animaux, des cris de nourrisson, le bruit du vent, du tonnerre, ou d’un marteau-piqueur. Des enregistrements du mot « Bonjour » dans diverses langues, des extraits de textes littéraires et de musique classique et moderne.
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Source : http://www.futura-sciences.com, https://boingboing.net, http://www.nationalgeographic.fr,
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
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