Depuis mercredi 13 mai la commission européenne a mis en place un plan d’action « immigration » dont la mesure phare est la création de quotas pour les pays membres; cette question des réfugiés est au centre des attentions après l’hécatombe du 21 avril dernier et la mort de 800 personnes dans le naufrage du chalutier au large de la Libye. Ce drame a eu lieu aux portes de notre citadelle européenne, Eldorado des migrants, mais ce phénomène est mondial et chaque jour c’est 23 000 personnes qui doivent fuir leur domicile pour échapper aux guerres, conflits, persécutions et violations des droits de l’homme. Certains trouvent un endroit sûr à l’intérieur de leur propre pays, tandis que d’autres ont besoin de fuir plus loin. Nombreux sont ceux qui ne reviendront pas, les épreuves du voyage (océan, champs de mine,…) auront raison d’une partie d’entre eux, les autres, plus chanceux, franchiront des frontières internationales et deviendront des réfugiés.
La carte interactive du Refugee project mené par l’Agence Hyperact synthétise des données du HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) pour nous raconter visuellement ces migrations forcées à travers le monde depuis 1975. Pas moins de 500 heures de travail ont été nécessaires pour élaborer ce projet et mettre en forme cette montagne de données.
Comment sont représentées les données de cette carte des réfugiés:
- La taille des cercles varie en fonction de l’évolution du nombre de migrants depuis le pays.
- Les lignes qui partent de ces cercles représentent les parcours des réfugiés vers les pays où ils ont obtenu l’asile.
- A gauche de la carte sont indiqués le nombre de réfugiés en pourcentage de la population et les pays qui sont, chaque année, les plus concernés par les départs de réfugiés.
Les auteurs sont même allés plus loin en nous donnant la possibilité (en cliquant sur le titre en blanc) d’en apprendre plus sur les principales crises à l’origine de ces flux, en donnant des explications historiques et des éléments de contexte. Il est ainsi possible d’avoir des précisions sur certains cercles particulièrement importants (par exemple : génocide Rwandais en 1994, invasion de l’Afghanistan en 2001, guerre du Darfour en 2003,…) Les exemples sont nombreux et l’imagination humaine dans ce domaine quasi sans limite…
Cette carte des réfugiés donne également la possibilité très intéressante de changer de point de vue et d’afficher les données sur les pays d’accueil et donc de voir l’évolution de l’asile dans un pays donné, ainsi que les origines des demandeurs. On y apprend d’ailleurs des choses étonnantes qui vont à l’encontre des idées reçues, par exemple : en 2012 les SriLankais ont été les plus nombreux à être accueillis en France, suivis par les Cambodgiens. Ou encore, en 2009, 2010, 2011 et 2012 les deux pays qui accueillaient le plus de demandeurs d’asile étaient l’Iran et le Pakistan…
Si vous souhaitez parcourir par vous même ce formidable outil, c’est ici.
Le droit international impose aux nations unies d’assurer la protection des demandeurs d’asile en raison d’une crainte fondée d’être persécutés pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à un groupe social particulier ou opinion politique. Les auteurs de la carte souligne que les données représentées sont toutefois lacunaires puisque, par exemple, les réfugiés pour raisons de catastrophes naturelles ou raisons économiques ne sont pas comptabilisés. En l’état les chiffres sont tout de même impressionnants : en 1975 on comptait environ 3,5 millions de réfugiés dans le monde, ils seraient aujourd’hui 4 fois plus (environ 13 millions). Les différents conflits actuels (Syrie, Ukraine, etc) se chargeant de battre rapidement ce triste record.
Ps: Chose étonnante, la carte indique qu’en 2012 il y avait 100 réfugiés français dans le monde (à 80% au Canada et aux USA). Ceux-ci devraient normalement, de par leur nationalité, être relativement à l’abri des dangers auxquels sont soumis les demandeurs d’asiles classiques. William Spindler, porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les Réfugiés, nous donne la réponse : il s’agit pour la plupart d’enfants ayant la nationalité française (nés en France de parents étrangers) mais qui fuient avec leurs parents la zone de conflit où leur famille était retournée.
Sources: www.therefugeeproject.org, www.jolpress.com, hyperakt.com/items/refugee-project, designandviolence.moma.org
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
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