Les Polynésiens sont des navigateurs nés et cela depuis déjà quelques siècles. Réparties sur plus d’un millier d’iles de l’océan pacifique ces communautés parfois très éloignées ne disposaient pas d’astrolabe ou de sextant, pas plus que de boussoles ou de gps…
Leurs outils de navigations étaient d’un autre genre qui, bien qu’apparemment humbles, étaient en fait les dépositaires d’un savoir complexe. Ces derniers étaient appelés Rebbelibs, Medos et Mattangs mais aujourd’hui nous les appelons simplement « cartes bâtons ».
Il existe donc trois types de cartes polynésiennes:
Le « MATTANG » ou « WAPPEPE » est une petite carte carrée qui représente les différents types de vagues d’un périmètre restreint, autour d’une île ou d’un atoll. Elle était utilisée à des fins d’enseignement seulement.
Le « REBBELIB » cartographie de manière plus globale les relations entre les îles et les principales vagues océaniques.
Le « MEDO » couvre seulement quelques îles et est utile pour des voyages spécifiques.
Ces cartes polynésiennes étaient réalisées à partir de nervures de noix de coco ou de racines de pandanus. Ils étaient ensuite liés avec des fibres de coco en un assemblage de motifs géométriques représentant les courants marins autour des atolls. Des coquillages de petite taille ou des galets de corail indiquaient les îlots et des bâtons incurvés représentaient les vagues.
Ces cartes bâtons étaient laissées à terre et le navigateur mémorisait leurs caractéristiques grâce à son seul sens du toucher. Puis il s’accroupissait à l’avant de son Va’a (pirogue polynésienne) et ressentait chaque mouvement du navire. Il se concentrait sur la propagation des vagues, leur gonflement, ou encore la réfraction de la houle entrant en contact avec les pentes sous-marines des îles.
Ce qui est fascinant avec les cartes polynésiennes c’est qu’elles variaient tellement dans leur forme et leur interprétation qu’elles n’étaient « lisibles » que par leur créateur. La connaissance et le pouvoir qu’elles conféraient était alors un secret jalousement gardé.
Ces cartes en bois contribuent de manière significative à l’histoire de la cartographie car elles représentent un système de représentation des houles océaniques jamais vu auparavant. Leur conception et leur volonté de représenter des espaces originaux (les vagues) les rendent en effet très différentes des cartes que nous utilisons aujourd’hui. Leur utilisation a apparemment disparue après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le voyage en pirogue entre les îles s’est arrêté. La fabrication des cartes polynésiennes perdure tout de même, mais uniquement pour être vendues aux touristes de passage.
Quelques autres exemples de ces belles cartes polynésiennes, traditionnelles et ancestrales:
Sources : http://thenonist.com, http://www.laboiteverte.fr,
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
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