Vendredi dernier (22 mai) était dédié à la journée mondiale de la biodiversité qui avait cette année pour thème : « la biodiversité pour le développement durable ». Cette date du 22 mai coïncidait avec l’anniversaire de la Conférence de Nairobi du 22 mai 1992, au cours de laquelle les pays membres des Nations Unies ont finalisé la rédaction de la Convention sur la diversité biologique. Celle-ci a ensuite été définitivement adoptée le 5 juin 1992, à Rio de Janeiro (Brésil) lors du Sommet de la Terre.
Aujourd’hui voici une belle carte qui illustre bien la situation actuelle et les objectifs de cette journée. Mais avant de passer aux aspects cartographiques, un petit rappel des enjeux:
La protection de la biodiversité est un des grands défis de ce début de 21ème siècle
La disparition des espèces s’est en effet considérablement accélérée ces dernières décennies (de 1000 à 10 000 fois plus rapidement que le taux naturel d’extinction) et nous filons tout droit vers la sixième grande vague d’extinction de l’histoire de la Terre.
Identifions quelques-uns de ces tueurs :
- Pollution, urbanisation, déforestation et disparition des zones humides contraignent la faune sauvage à abandonner son milieu de vie. La mauvaise gestion de l’agriculture, des forêts et des pêches accélère également ce processus destructeur.
- Le réchauffement climatique est également l’une des causes les plus importantes de l’appauvrissement de la diversité biologique, notamment par la destruction ou la transformation radicale des habitats naturels.
L’avenir de l’humanité est étroitement lié à la diversité biologique
Plus de 3 milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière, et quelques 1,6 milliard de plus comptent sur les forêts et les produits forestiers non ligneux pour trouver leurs moyens de subsistance (1). Les services écologiques rendus par cette biodiversité sont nombreux et indispensables au développement durable et à notre confort quotidien: maintien de la qualité de l’air, prévention des catastrophes naturelles, production de médicaments, ressources alimentaires : la nature joue un rôle vital dans le quotidien de nombreuses populations à travers le monde. Il apparaît donc aujourd’hui essentiel de lier biodiversité et économie afin d’atteindre des objectifs économiques et sociaux durables. Cette perspective d’intégrer la nature à la sphère mercantile est plutôt effrayante et porteuse de risques mais puisque la simple préservation de ce patrimoine, sans arrière-pensée, est aujourd’hui plutôt utopique, pourquoi pas…
Une carte pour identifier les zones de concentration de la biodiversité
Après cette introduction un peu trop longue, voici une carte qui illustre bien le propos (et c’est tout de même le but de ce blog).
Si vous ne l’avez pas déjà vue(2), cette carte de la biodiversité mondiale est produite par le Dr. Clinton Jenkins, de l’Université d’État de Caroline du Nord. Avec des collègues américains et britanniques, il a cartographié les plus grandes concentrations mondiales d’amphibiens, d’oiseaux et de mammifères avec une précision 100 fois supérieure aux précédentes estimations, ce qui nous donne un instantané de la santé de la biodiversité à l’échelle 10 km par 10 km. Selon lui « Nous devons savoir où vivent les espèces, celles qui sont vulnérables, et où les actions humaines les menacent. Nous avons de meilleures données que par le passé – et de meilleures méthodes analytiques. Nous les avons mariées à des fins de conservation ».
Ces données révèlent des tendances de la biodiversité pour les différents types d’espèces, avec des rouges profonds et des jaunes illustrant la densité la plus riche au cœur de l’Amérique latine (forêt amazonienne), tandis que les tons de bleu dans les déserts du monde indiquent une moindre concentration. Les chercheurs espèrent que ces données permettront aux décideurs de faire un meilleur usage des ressources limitées de conservation pour protéger les espèces les plus vulnérables de la planète.
La série suivante, centrée sur l’Amérique du sud, indiquent les régions où la densité de la biodiversité est la plus riche pour les oiseaux (à gauche), les mammifères (au centre), et les amphibiens (à droite) :
Le Dr Lucas Joppé, de Microsoft Research à Cambridge, co-auteur de l’étude, explique que « les zones de biodiversité les plus importantes présentent un taux plus élevé de protection que la moyenne mondiale. Malheureusement, il est encore insuffisant compte tenu de l’importance de ces zones ». « Il existe une inquiétude croissante [concernant le fait] que nous sommes à court de temps pour développer le réseau mondial d’aires protégées », poursuit-il. « Le choix des régions du monde bénéficiant d’une protection finira par décider quelles espèces survivent et lesquelles vont disparaître ».
Voici également une illustration du gradient latitudinal de densité de la biodiversité (qui est logiquement plus importante dans la zone intertropicale).
Si vous voulez en savoir plus sur ce thème de la biodiversité :
- La carte des espaces protégés en France (sur Géoportail) : http://geoportail.fr/url/7F7T6Y
- Le tout nouveau plan national d’actions en faveur des abeilles et des pollinisateurs sauvages qui a pour objectif de faire des abords routiers des espaces d’accueil pour les insectes pollinisateurs, mais qui ne règle malheureusement pas le problème essentiel des pesticides qui déciment les abeilles : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-accotements-routiers-au.html
- Les sites web du PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement) et de la CNB (convention sur la diversité biologique).
1 : cette étude a déjà 2 ans (juin 2013) mais j’ai pensé que le moment était approprié pour la ressortir. La carte n’a de toute façon pas du beaucoup changer, avec juste un peu moins de rouge et de jaune…
2 : selon les Nations Unies
Sources : www.in-terre-actif.com, www.developpement-durable.gouv.fr, www.notreterre.org, http://e360.yale.edu, www.savingspecies.org
Pourvu qu’il ne soit pas déjà trop tard …..