ou comment Google ménage les susceptibilités des états en ce qui concerne le tracé des frontières.
La firme de Mountain View prend le parti de ne pas en prendre(de parti), au moins en ce qui concerne la géopolitique locale des états et le sujet toujours sensible des frontières. C’est ainsi que, dans la vision idyllique de Google, les conflits frontaliers disparaissent et que les résultats d’une recherche de carte sont différents en fonction du lieu de connexion… L’internaute ne se doute donc pas qu’il existe un conflit territorial puisque, sur la carte qu’il consulte, la frontière est clairement définie selon la volonté de son pays d’accueil.
A chacun ses frontières
Prenons le cas de la frontière sino-indienne, objet de dissensions (1) entre la Chine et l’Inde depuis l’indépendance de cette dernière, en 1947 (et même d’un court conflit armé en 1962).
[avia_table]
[/avia_table]
[avia_table]
La carte vue d’une connexion en Inde: si l’on se connecte en Inde, c’est la frontière telle qu’imaginée par New Delhi qui apparaît, avec l’Aksai Chin incorporé à l’Inde. |
[/avia_table]
[avia_table]
La carte vue d’une connexion en Chine: le tracé de la frontière est encore une fois différent et apparaît dans la situation rêvée par le gouvernement chinois, et donc inverse à la vision indienne ! |
[/avia_table]
On touche avec ces questions frontalières à un sujet particulièrement sensible, objet de nombreuses crispations géopolitiques, mais on pourrait quand même attendre de Google un peu plus d’objectivité, en signalant ces zones disputées plutôt qu’en contentant les basses aspirations nationalistes des états…
Quelques précisions sur ce conflit frontalier sino-indien:
A l’issue de ses percées victorieuses de 1962, Pékin avait imposé sa souveraineté sur l’Aksai Chin tout en retirant ses troupes de l’Arunachal Pradesh, permettant ainsi à New Delhi d’y rétablir sa tutelle. Depuis, le statu quo prévaut mais le litige n’en finit pas d’empoisonner la relation bilatérale, l’Inde réclamant le retour de l’Aksai Chin (qu’elle considère comme appartenant à la région du Ladakh intégrée dans l’Etat du Jammu-et-Cachemire) tandis que la Chine continue à revendiquer l’Arunachal Pradesh (appelée « Tibet du Sud »), qui héberge le fameux monastère bouddhiste de Tawang (Source: le monde. Pour en savoir plus, lire l’article du Monde « Inde-Chine: une rivalité ravivée« ).
Sources : Amazing maps, Rue 89, Le Monde.
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
Leave a Comment