Le métier de cartographe demande une grande rigueur pour aboutir à un produit de qualité. Il est pourtant fréquent (en fait à longueur de page Web et d’articles de journaux réputés) de rencontrer des cartographies sans légende, sans échelle, voire même sans le moindre sens…
Voici donc un petit guide du cartographe qui aborde les principaux éléments à prendre en compte dans la conception de cartographies de qualité. Grâce à lui vous serez à même de réaliser des cartes utiles et compréhensibles (c’est déjà pas mal) mais qui pourront également remplir votre portfolio avec classe !
Il n’y a bien entendu aucune solution miracle pour être un bon cartographe ; Il faut du temps et des efforts pour aboutir à un produit de qualité et cela dépend également en grande partie des utilisateurs. Mais il y a cependant certains éléments récurrents dans la création cartographique. Voici une liste qui vous guidera, telle une boussole, dans vos compositions et vous évitera les principaux faux pas.
Aujourd’hui suite et fin de notre guide du cartographe avec les règles 23 à 33.
[hr_invisible] Règle N°23 : établissez une échelle de symbologie adaptée
Tout comme la sémiologie graphique doit être adaptée et choisie avec soin, la symbologie doit être conforme à l’échelle de la carte pour être immédiatement assimilée par le lecteur. Par exemples, une ville pourra être symbolisée par un point sur une carte à petite échelle et par un polygone détaillé sur une carte zoomée.
Les symboles, de la même manière que les mots d’un livre, doivent être immédiatement intelligibles par le lecteur.
[hr_invisible] Règle N°24 : choisissez des couleurs qui reflètent un thème et un objectif
Les couleurs captent notre attention et correspondent souvent au premier endroit observé sur une carte. Elles permettent de clarifier le propos en précisant les attributs de données et leur emplacement. Elles augmentent également les possibilités de différenciations, et donc de conception.
Chacun est sensible de manière différente aux couleurs mais il y a tout de même certains consensus sur leur utilisation :
- Les teintes de bleu sont généralement utilisées pour représenter l’eau et les éléments thématiques positifs
- Les teintes de vert sont souvent employées pour indiquer la végétation
- Les teintes de marron sont fréquemment assimilées aux montagnes et à la terre ferme
- Les teintes de rouge représentent la plupart du temps des caractéristiques à enjeux importants.
Deux ressources qui vous seront utiles dans le choix des couleurs de vos cartes : ColorBrewer et Adobe Color CC (anciennement Kuler)
[hr_invisible] Règle N°25 : pensez de manière différente en variant les types de carte
En partant du principe (légitime) qu’une carte mal conçue est difficile à lire et à comprendre il est bon d’adapter le type de représentation cartographique au message à faire passer.
Un exemple courant est celui de la carte avec de trop nombreuses nuances de couleurs qui est alors impossible à lire et assez frustrante à interpréter.
Ainsi une carte choroplèthe sera parfaite pour représenter des données de population. Une heatmap sera adaptée à l’expression des données de températures et un histogramme sera pratique pour montrer les changements de valeurs numériques.
Le cartographe possède un panel très large d’outils pour sélectionner et réaliser le bon type de carte: utilisez le !
[hr_invisible] Règle N°26 : sélectionnez soigneusement le type de police de caractères
La clarté de la lecture est la principale préoccupation du cartographe lorsqu’il doit choisir une police de caractères, qu’elle soit serif (avec empattement) ou sans-serif (sans empattement).
Une règle générale voudrait que les objets de base utilisent le Times New Roman et les objets thématiques l’Arial. Mais en fait tout dépend du design de la carte, qui peut être formel, informel, classique ou contemporain. Le maître mot étant la lisibilité !
Par exemples, la police Comic Sans qui n’est vraiment pas extraordinaire en termes de design et de compréhension, est à éviter en cartographie.
Typebrewer est un outil très pratique qui vous aidera dans le choix de vos polices de cartographie (il est actuellement en maintenance mais devrait revenir rapidement sous une nouvelle forme).
[hr_invisible] Règle N°27 : limitez le nombre d’objet
Un trop grand nombre d’objets et d’informations sur votre carte la fera invariablement ressembler à une horrible version cartographique d’ »où est Charly ».
Parce que l’idée est tout de même de communiquer une information, l’accumulation sans réelle raison d’être transformera la lecture en un cauchemar cartographique. Il est parfois plus avisé de diviser une carte surchargée en deux cartes distinctes.
[hr_invisible] Règle N°28 : mettez en italique les toponymes relatifs à l’eau
Mettre en italique les textes relatifs aux zones en eau (rivières, lacs ou océans) est une habitude partagée par tous les cartographes. Vous ne les croiserez que rarement écrit de manière différente et cet usage est quasiment devenue une règle. Par ailleurs, les rivières étant généralement sinueuses, votre texte doit l’être également. Entendez par là qu’il doit en suivre le cours, ce qui ajoutera de la fluidité à votre carte. Les lacs de taille importante pourront être écrits en plus gros et ceux de taille réduite en plus petit.
[hr_invisible] Règle N°29 : méfiez-vous des superpositions de texte
La disposition du texte est curieusement un des plus grands défis que doit relever le cartographe. Comme on l’a vu précédemment la lisibilité est le saint Graal cartographique et cette étape du placement de label ne doit donc pas être négligée.
Une des clés est de toujours faire en sorte qu’il y ait un contraste important entre la couleur du fond de carte et celle du texte pour que ce dernier ressorte correctement. Un halo autour du texte peut vous aider dans ce sens.
Avec de très nombreux objets géographiques à nommer votre carte peut rapidement se transformer en un chaos inextricable de lettres qui se superposent. Dans ce cas-là la meilleure solution est de replacer manuellement les labels qui s’accumulent.
[hr_invisible] Règle N°30 : indiquez le nom de l’auteur de la carte
Il n’est pas obligatoire d’indiquer sur la carte qui l’a réalisée (vous en l’occurrence) mais cela peut être intéressant si vous êtes fier de votre travail. Lors de sa diffusion, votre œuvre pourrait en effet vous apporter de nouveaux contrats amenés par des lecteurs impressionnés par vos compétences exceptionnelles !
[hr_invisible] Règle N°31 : relisez-vous et corrigez les fautes d’orthographes
Les cartes donnent des indications géographiques mais également des informations textuelles par l’intermédiaire des noms de lieux, de la légende et des métadonnées. Faites des fautes d’orthographe sur votre carte et vous perdrez instantanément tout crédit aux yeux de votre lectorat. Une phase de relecture est donc essentielle au moment de finaliser votre carte.
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Règle N°32 : les objets de la légende sont au présent et au singulier
Il est généralement admis que les éléments de la légende doivent être au singulier et conjugués au présent.
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Règle N°33 : trouvez le bon équilibre
C’est avec la pratique que l’expérience de la cartographie viendra et vous donnera, petit à petit, les bons réflexes : vous trouverez immédiatement les bonnes proportions d’objets et leur bon positionnement, les bonnes combinaisons de couleur et de figuré. Vous vous approcherez alors de l’équilibre nécessaire à toute production cartographique harmonieuse.
Et voilà, c’est sur cette 33ème règle que se termine ce guide du cartographe. Grâce à lui vous avez maintenant toutes les cartes en mains pour réaliser de magnifiques cartographies, exceptionnelles par leur qualité pédagogique et leur design !
Ps: n’hésitez pas à ajouter en commentaire d’autres règles que j’aurais oubliées et qui vous paraissent essentielles.
[hr_invisible]Sources : www.gisgeography.com, www.iconographieflamande.wordpress.com
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
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