Cette carte atypique et hyper détaillée est extraite d’un livre japonais d’anthropologie sorti en 1997 et aujourd’hui très rare.
Par ce travail les auteurs illustrent la densité, au propre comme au figuré, de la vie dans l’incroyable ville de Kowloon.
Cette ville mythique était une enclave chinoise dans la colonie de Hong Kong, alors sous protectorat anglais. Jusqu’à sa démolition en 1993 le lieu était célèbre pour l’incroyable densité de son bâti qui laissait à peine pénétrer la lumière dans les ruelles labyrinthiques qui couraient au pied des immeubles.
La citadelle existe depuis très longtemps, puisqu’elle servait de poste d’observation contre les invasions pirates sous la dynastie Song (donc entre 960 et 1279). Elle ne naquit pourtant réellement sous cette forme qu’après la seconde guerre mondiale, lorsque la ville a commencé à se développer d’une manière quasi organique, pour se transformer en un monolithe urbain, patchwork d’extensions anarchiques loin de toute conception architecturale ou même d’ingénierie, attirant crime organisé, triades chinoises et autres barons de la drogue. Deux seules règles de construction prévalaient : avoir un accès au réseau électrique et ne pas dépasser 14 étages pour laisser passer les avions de l’aéroport voisin…
A la fin des années 1980, la citadelle était réputée pour sa profusion de maisons closes, casinos, salons d’opium et de cocaïne, et pour ses usines clandestines. On y recensait environ 50 000 habitants sur 0,026 km² ; sa densité de 1 923 076 habitants au km² en faisait le quartier le plus densément peuplé au monde !
La citadelle en 1989 :
C’est donc avant sa destruction en 1993 qu’un groupe d’explorateurs et d’ethnologues japonais a été autorisé à voyager pendant une semaine dans son squelette désert. Ils en ont tiré cette impressionnante cartographie que j’aime beaucoup, pour diverses raisons :
- Pour sa vue en coupe et non en plan (comme la majorité de ses consoeurs).
- Pour l’étrange géographie des lieux, espèce de dystopie(1) futuriste où tout est permis, comme tirée d’un mauvais ouvrage de science-fiction.
- Mais aussi pour son fourmillement incroyable de détails. On pourrait rester des heures à scruter le bourdonnement de vie qui y est représenté et les occupations quotidiennes de ses habitants (qui sont d’ailleurs ici des plus normales : lessive, jardinage, bricolage…).
En 1995, un parc paysager a ouvert sur les ruines de cette cité d’exception, mais la ville muraille hante encore l’imaginaire des créatifs de tous poils qui la font revivre à travers modèles 3D, films ou encore jeux vidéo.
3 extraits de la carte :
1 : la dystopie, également appelée contre-utopie, est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie (source : wikipédia).
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