S’il y a un domaine qui ne connait pas la crise c’est bien celui du mobilier urbain anti SDF. Poussé par les très bons chiffres de croissance du nombre de SDF (+ 50% entre 2001 et 2012), le marché est porteur et regorge d’innovations. Voici une carte qui les répertorie.
Après les cactus, les accoudoirs, les picots, les poteaux, les barres de fer et autres plans inclinés, voilà la dernière innovation en date : les douches automatiques sous les abris. Cet ingénieux dispositif se déclenche automatiquement dès qu’une personne est repérée sous un porche de parking (on en trouve un bel exemplaire dans la rue de Rivoli à Paris).
L’objectif inavoué de cette créativité sans limite est bien entendu d’empêcher les sans-abris de s’allonger et de s’abriter en certains endroits pour, à terme, simplement les chasser des centres villes.
Un banc spécialement aménagé pour empêcher de s’allonger.
Selon Christophe Robert (Délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre) « La pratique se généralise, sous toutes les formes ». Certaines villes emploient même les grands moyens par l’intermédiaire d’arrêtés antibivouac (Nice), ou antimendicité (Tours). A noter que ces deux villes ont été déboutées par un tribunal administratif.
En partenariat avec l’association Emmaüs Solidarité, la Fondation a lancé début décembre la campagne « Soyons humains » pour dénoncer ce mobilier urbain intolérable. Des affiches ont été placardées dans plusieurs communes de France et une vidéo a été mise en ligne :
Si vous aussi vous vous dites que l’« invisibilisation des pauvres » est une solution quelque peu simpliste et plutôt inhumaine, la fondation vous invite à dénoncer ce mobilier urbain dégradant en prenant des photos des lieux que vous repérez et à les partager sur Twitter avec le Hashtag #SoyonsHumains. Et n’oubliez pas de vous localiser pour les voir apparaître sur la carte mise en ligne pour l’occasion. Cette dernière est consultable ici: Soyons humains.
En France, selon l’INSEE, les SDF sont plus de 140 000 et leur nombre a doublé en 10 ans. Rien qu’en 2016, 501 personnes sont mortes dans la rue. Comme le crie la fondation Abbé Pierre : « Ce n’est pas aux pauvres qu’il faut faire la guerre, c’est à la pauvreté » alors « au lieu d’empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement décent ailleurs ».
Sources : www.francetvinfo.fr, www.lemonde.fr, https://positivr.fr, https://soyonshumains.fr/,
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
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