La pollution lumineuse ou photopollution peut-être définie comme l’excès d’éclairage artificiel nuisant à l’obscurité normale ou souhaitable de la nuit. Les sources de lumière nocturne que sont les éclairages urbains, les vitrines de magasin et autres enseignes publicitaires ont alors un effet incommodant sur l’homme, les paysages et les écosystèmes. Corrélativement, ces nuisances traduisent avec une grande précision l’activité économique et la présence humaine sur terre. Depuis 2012, de nouveaux outils dont le satellite Suomi NPP permettent d’étudier clairement ce phénomène.
Cela nous donne également l’occasion d’apprécier ce genre de magnifique vidéo, publiée en 2012 par la NASA et d’après des images prises depuis l’ISS (Station spatiale Internationale):
Une étude publiée l’année dernière dans la revue Remote Sensing avance certaines conclusions qui nous éclairent sur cette problématique moderne.
Le dieu lampadaire
En étudiant plus précisément la capitale allemande, l’étude identifie les principales sources lumineuses vue depuis l’espaces dans ces proportions :
- l’éclairage des rues (32%) ;
- les zones industrielles (16%) ;
- les espaces publics (10%) ;
- les immeubles (8%) ;
- le cœur de ville (6%) ;
- les pistes d’atterrissage des avions (4%).
Il faut noter que ces proportions peuvent varier d’une ville à l’autre et que certaines sources importantes de lumière peuvent être occultées si elles sont orientées vers le bas ou masquées par des arbres ou des bâtiments.
La lumière comme marqueur de prospérité
Si la corrélation entre l’éclairage d’une grande ville et son développement économique est évidente, les résultats en disent également beaucoup sur ces villes : leur histoire, leur culture, leur développement technologique, leur urbanisme et même leur activité culturelle.
Ci-dessous les signatures lumineuses de quelques grandes villes européennes.
Certaines villes nous parlent de leur histoire à travers leur éclairage nocturne. C’est le cas de la ville de Berlin qui semble, vue de l’espace, encore posséder son mur de la honte. La partie Est y parait en effet beaucoup plus lumineuse que la partie Ouest. Cette impression héritée de la guerre froide est en partie due au fait que les monuments de la partie Est de la ville possèdent moins de toits aptes à bloquer la lumière vers l’espace. Le second facteur est à chercher du côté de l’éclairage publique qui est de nouvelle génération à l’Ouest (lampes à LED) et donc plus difficilement détectable de l’espace que les anciennes lampes à vapeur de mercure de l’Est.
Les Etats-Unis, pollueurs lumineux
Des différences de culture de l’éclairage peuvent également entrer en jeu pour expliquer certaines variations d’une ville à l’autre. C’est ainsi qu’à l’échelle mondiale les villes américaines sont beaucoup plus éclairées que les villes allemandes qui sont pourtant de même superficie et d’un niveau de développement économique comparable. Ces villes américaines possèdent même le record mondial en termes de pollution!
Selon les auteurs de l’étude de Remote Sensing « Une ville américaine de 100 000 habitants émet cinq fois plus de lumière jusque dans l’espace qu’une ville allemande de taille équivalente. »
Un tel contraste doit posséder divers motifs; potentiellement l’inclinaison des lampadaires, le nombre d’arbres dans les villes et plus certainement le simple excès d’éclairage nocturne.
La question est plus importante qu’elle n’y parait puisque la pollution lumineuse est extrêmement néfaste pour notre sommeil et a un impact important sur la faune et la flore qui ont un besoin vital des cycles diurne/nocturne. L’installation d’un lampadaire sur un rond-point en pleine campagne a pour conséquence directe l’élimination, en deux ans et dans un rayon de 200 mètres, de la majorité des insectes nocturnes locaux.
Aux Etats-Unis la nuit noire est d’ailleurs tout simplement en train de disparaître. Une étude publiée en 2002 avançait même qu’il ne restera d’ici 2025 que très peu de secteurs où la voie lactée sera encore visible…
Sources : http://rue89.nouvelobs.com, www.mdpi.com/journal/remotesensing, http://earthobservatory.nasa.gov, www.notre-planete.info, https://fr.wikipedia.org,
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
very interesting …