Il y a un siècle, lorsque vous souhaitiez étudier la vie sous-marine il vous fallait enfiler un casque en verre de 30 kg et tracer vos observations au crayon de plomb sur une tablette en zinc. La technologie actuelle simplifie grandement la vie des scientifiques et océanographes; aujourd‘hui, à l’aide d’une caméra HD étanche et d’un puissant logiciel il est possible d’étudier des assemblages de milliers de photos et d’en détailler les caractéristiques.
Ces nouvelles technologies appliquées à l’étude des coraux font des miracles. Il est en effet possible de créer des milliards de points de référence pour calculer l’emplacement des coraux dans un espace 3D. C’est justement le travail de Stuart Sandin, écologiste des récifs coralliens à l’Institut d’océanographie Scripps de l’Université de Californie à San Diego, et à qui l’on doit la belle image en en-tête. Cette quasi oeuvre d’art est en fait une photomosaïque constituée d’un assemblage de 2700 photos de coraux, prises sur un récif de l’atoll de Palmyra dans l’océan Pacifique.
Des cartes numériques ont ainsi été créées avec l’aide d’informaticiens et d’ingénieurs et à partir de quelques 39 000 photos d’environ 44 000 colonies de coraux vivant sur les récifs de cet atoll près d’Hawaï. Les premiers résultats de l’étude de ces photomosaïques 3D ont été publiées cette année dans la revue Coral reefs. Le Dr Sandin et son équipe ont découvert pour la première fois qu’au lieu de se répartir aléatoirement (au grès de leur dissémination), le corail suit un schéma établi. On distingue en effet une tendance au regroupement des coraux de formes et de structures similaires.
Cette numérisation de la photomosaique montre chaque colonie de coraux. Chaque couleur représente une espèce décrite et étiquetée. Cette image contient plus de 5 000 coraux.
Les scientifiques pensent que ces regroupements de coraux sont un moyen pour eux de survivre sur ces récifs hautement compétitifs. Ils estiment même que c’est un signe de bonne santé dans cet atoll protégé où le blanchiment, la surpêche et la maladie ne sont pas encore des menaces. Afin de confirmer les hypothèses de l’étude cette reconstitution de l’atoll de Palmyra sera comparée à 99 autres récifs coralliens de situation et d’état de santé différents. Cette expérience collaborative (le 100 island challenge) vise à créer des cartes de référence et à suivre l’évolution des récifs au fil du temps.
Le réchauffement climatique affecte à grande échelle une large majorité de coraux dans le monde. Mais cette étude montre que certaines colonies se portent encore bien ou se rétablissent. Il est donc essentiel de comprendre pourquoi.
Sources : www.rfi.fr, www.nytimes.com,
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
Aaaaah les coraux de l’océan pacifique…. Quelle merveille!