La Table de Peutinger (1) est une longue bande de parchemin de 6,82 m sur 0,34 m qui était initialement composée de 12 fragments (11 ont été retrouvé et un reconstitué). Cette carte qui représente la totalité de l’Empire romain, ainsi que le Moyen-Orient, l’Inde, le Sri Lanka (Insula Trapobane), et même la Chine nous permet de parcourir les quelques 200 000 km de voies de l’empire qui reliaient ses 555 villes (les cités importantes comme Rome, Constantinople et Antioche sont signalées par un médaillon).
Pour la petite histoire cette carte fut réalisée par des moines de Colmar au XIIIe siècle mais n’est qu’une copie d’une ancienne carte romaine de 350, elle-même reproduite d’après une peinture sur le portique d’Agrippa à Rome vers 12 apr. J.-C.
Son format atypique ne permet pas de représenter fidèlement l’empire de l’époque mais l’objectif du cartographe romain était plutôt de symboliser les lieux importants de l’empire et d’estimer les temps de parcours, un peu à la manière de nos cartes de métro actuelles… La table de Peutinger est ainsi considérée comme la première représentation cartographique d’un réseau! Les parcours demeurent par contre assez réalistes: chaque station indique la longueur de l’étape tandis que des vignettes signalent les villes principales, les villes thermales, etc.
Certaines de ces étapes sont d’ailleurs toujours existantes, c’est le cas du village de Moingt (2) (Aquae Segetae sur la carte) où j’ai grandi et qui comprenait une station thermale gallo-romaine et le sanctuaire de la déesse Segeta, celle qui était vénérée par le peuple à qui elle a donné son nom : les Ségusiaves. C’est également le cas de la ville de Feurs qui est la contraction de Forum Segusiavorum (« Marché des Ségusiaves »), la capitale des Ségusiaves à l’époque gallo-romaine qui apparaît au centre de l’extrait ci-dessous, et qui a donné son nom au Forez. A sa droite, une autre ville assez connue aujourd’hui : Lugdunum ou « Lvgdvno capvt Galliarvm vsqve hic legas » sur la carte. Ou plus simplement Lyon.
Sur cet extrait : Moingt, Feurs et Lyon.
Certaines portions de ce vaste réseau routier sont également toujours visibles. Par exemple La Via Domitia, la plus ancienne voie de Gaule Romaine (118 avant JC) , à Ambrussum, entre Nîmes et Montpellier.
Si vous voulez également parcourir les voies romaines de l’époque sur cette très belle carte, vous pouvez consulter la carte entière ici et vous aider de cet outil, sorte de Google Map Gallo-Romain qui vous permettra par exemple de voir par où passaient nos ancêtres pour descendre sur la côte d’azur…
Pour finir et pour le plaisir, une magnifique aquarelle du site de Moingt, avec son temple et son théâtre, réalisée par Jean-Claude Glovin pour l’exposition « Aquae Segetae, une étape en pays Ségusiave« :
1: qu’on appelle aussi Tabula Peutingeriana, Peutingeriana Tabula Itineraria ou Carte des étapes de Castorius….
2: aujourd’hui sur la commune de Montbrison, dans la Loire.
Sources: omnesviae.org, jeanclaudegolvin.com, mifami.org, actu-histoireantique.com, euratlas.net, Jérémie Guignand.
Guillaume Sciaux – Cartographe indépendant.
combien de temps y fallait pour aller de bonnat a lugdunum
Et oui ! Tous les chemins mènent à Rome !
Où comment caser Moingt !!
Hé hé oui tu reconnaitras que ce n’était pas simple…
Mais tu savais toi que c’était un centre si important? Moi non…
J’ignorais même que Moingt avait été une station thermale !